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En 2010, il fonde avec la nouvelle génération d’activistes, le Mouvement des forces actuelles pour la démocratie (MDCF).
Ils se consacrent à la défense des droits de l’homme, en particulier ceux des plus faibles, travailleurs et paysans.
Zarni est père d’un enfant.
Zarni était un lycéen de 17 ans lors de la révolution de 1988. Rapidement, il s’est engagé en politique contre la dictature militaire qui remplaça cette année là, celle du général Ne Win.
Il a été condamné à 9 années de prison en 1989, subissant la torture.
Il fut membre du premier cercle qui créa Génération 88. Ce sont d’anciens étudiants qui décidaient de résister à la junte depuis le sol birman, sans prendre l’exil comme beaucoup d’autres.
UNE VIE CONTRE L'OPPRESSION
Une carte interactive des prisons en Birmanie
Une carte interactive des prisons en Birmanie
Un reportage de France 24 sur la vie après la prison
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Le site en anglais de l’association d’assistance aux prisonniers politiques de Birmanie (AAPPB)
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Des articles en anglais de Burma Partnership sur le Mouvement des forces démocratique actuelles (MDCF)
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Le parcours de Nini
Le parcours de Nini
Le parcours de Mya
Le parcours de Mya
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10 000 serait le nombre de prisonniers politiques passées par les prisons de la dernière dictature militaire birmane entre 1988 et 2011.
Nombreux sont morts sous la torture, par manque de soin et de nourriture pendant leurs détentions.
Dans la Birmanie en transition aujourd’hui, l’Association d’Aide aux Prisonniers Politiques Birmans (AAPPB) estime qu’en janvier 2017, 176 prisonniers politiques demeurent en prison, alors que 74 personnes sont en attente de procès attendaient un procès.
Pourtant le président Thein Sein avait promis qu’il n’y aurait plus de prisonnier politique à la fin 2013.
Laura Height, chercheuse sur la Birmanie pour Amnesty Internationale disait à la fin de la campagne électorale de 2015:
“Les autorités birmanes ont clairement joué le jeu longtemps avant les élections, en accélérant la cadence de répression au moins neuf mois avant que la campagne de septembre ne débute. Leur but est simple, empêcher les voix “indésirables” de s’exprimer avant les élections, en s’assurant qu’elles ne soient pas entendues. “
Depuis le gouvernement élu de la Ligue nationale pour la démocratie en 2016, si les activistes ou les paysans sont plus rares à faire de la prison pour l’organisation de manifestations illégales, ils en restent qui sont condamnés pour diffamation ou insultes, en particuliers envers les militaires, et souvent sur les réseaux sociaux. Les administrations de l’état comme de la police sont en grandes parties encore contrôlées par d’anciens militaires.
Bo Gyi, le président de l’association d’aide aux prisonniers politiques de Birmanie, pour une campagne de libération des nombreux prisonniers politiques du pays en 2010
Beaucoup de ses terres sont restées en jachère depuis ou ont été louées à d’autres paysans que ceux qui y étaient à l’origine.
Zarni et d’autres activistes comme Win Cho, encouragent et aident ses paysans à faire valoir leurs droits face aux autorités.
À Hlaing Thayar dans la banlieue Nord de la ville de Yangon, des paysans se battent pour récupérer leurs terres saisies il y a plus de 20 ans par l’État.
Ce dernier les a revendues à des entreprises privées qui contractuellement devaient s’en servir pour y développer des entreprises.
UN COMBAT BIAISÉ
Un reportage de Human Right Watch sur le problème de confiscation de terre en 2016 dans l'état Karen
Un reportage de Human Right Watch sur le problème de confiscation de terre en 2016 dans l'état Karen
Un article d'Info-Birmanie sur le phénomène d'accaparement des terre par les militaires
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La terre au centre de la réconciliation nationale
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Un éclairage sur le problème du foncier avec le film
Le parcours de Nini
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Le parcours de Mya
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L’armée, ses amis entrepreneurs (cronies) et tous les niveaux de l’état (national, régional et local) n’ont plus cessé de s’accaparer les terres sur lesquelles travaillaient les paysans, la plupart du temps sans compensation.
Depuis l’arrivée du gouvernement Thein Sein en 2011 et la relative “démocratisation” du pays, cette impunité des “voleurs” de terre est remise en cause.
Pourtant les politiques mise en place par le gouvernement paraissent contradictoires. D’un côté avec le parlement, il créé une commission d’investigation sur les terres et un conseil de résolution des conflits sur les terres, de l’autre, il émet de nouvelles lois favorisant largement l’agrobusiness.
Dès lors, l’augmentation des investissements dans ce secteur a accentué la spéculation sur les terres, ce qui a favorisé une nouvelle vague d’accaparements de terres, dans le contexte où l’état de droit et la justice ne sont toujours pas appliqués avec justesse.
Avec la relative liberté de parole retrouvée, les conflits entre paysans, tous les niveaux de l’état, l’armée et les cronies, n’ont fait que s’accentuer.
De nombreuses formes différentes de situations d’accaparement de terres sont révélées, de l’occupation sans compensation par des bataillons de l’armée il y a 20 ans dans les plaines centrales du pays, aux compagnies internationales du secteur de l’huile de palme pour d’immenses zones dans les régions ethniques.
Ferme dans le centre de l’Arakan
Une loi stipule
que tout ce qui est sous
et sur la terre
appartient à l’état.
Elle date de l’époque coloniale anglaise et n’a jamais été annulée. Simplement de nouveaux textes lui ont été ajoutés depuis. Parallèlement par tradition chez les paysans, la règle sur les terres était “le premier qui l’utilise en est le bénéficiaire“.
Après l’indépendance, pendant les 10 années de gouvernement démocratiquement élu de U Nu, puis pendant les cinquante années de dictature militaire qui suivirent, la complexité des lois relatives à la propriété terrienne et l’impunité des gouvernants, a eu comme conséquence que pratiquement, l’état de droit avait disparu pour laisser la place à “les militaires ont tous les droits”.
En Birmanie, 70% de la population est liée au secteur agricole. Et la moitié est paysanne sur de petites surfaces, inférieures à 2 ha, et n’a jamais bénéficié d’aucune protection.
En 2013, à la suite d’une annonce gouvernementale, ils ont initié un rassemblement pour demander que le prix de l’électricité ne soit pas augmenté. Conséquence, plusieurs membres de MDCF sont aujourd’hui en procès par l’application de l’Article 18.
Dès la relative liberté de parole retrouvée, Zarni et le Mouvement des forces actuelles pour la démocratie (MDCF) ont organisé, souvent dans l’urgence, des manifestations avec des paysans ou des travailleurs, pour réclamer l’application de leurs droits.
UNE MANIFESTATION ILLÉGALE POUR AVOIR LE DROIT DE MANIFESTER
Le rapport 2015 de Amnesty International sur les prisonniers politiques en Birmanie met en avant une accentuation de la repression contre la liberté d'opinion
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Une présentation du cas de Htin Kyaw, un prisonnier politique qui symbolise l'abus de l'utilisation de lois répressives par les autorités
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Un état des lieux sur les lois répressives en Birmanie par Info-Birmanie en 2015
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Le parcours de Nini
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Le parcours de Mya
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Les premières mesures prises par le gouvernement Thein Sein ont été applaudies par la communauté internationale: libération de plus de 1300 prisonniers politiques, libéralisation de l’économie, amélioration de la liberté d’expression pour les médias et la population.
Et si pendant les dictatures, tous les rassemblements sur la voie publique de plus de cinq personnes étaient interdits, dès 2012, le gouvernement a fait passer une loi sur les manifestations: c’est l’alinéa 18 de la loi sur “les rassemblements et les marches pacifiques”, appelée Article 18.
Elle stipule que pour faire une manifestation, il faut d’abord demander l’autorisation auprès des autorités du lieu cinq jours à l’avance, donner les noms des leaders et personnalités qui seront présentes, mais aussi présenter les tracts et les slogans qui seront utilisés. L’autorité locale est seule juge pour accorder une autorisation. Dans le texte, cette loi n’est pas tellement différente de certaines en vigueur dans les démocraties occidentales.
Ce qui diffère, c’est dans la pratique. Pendant la première année après le passage de la loi, les autorités locales ont accordé le droit de manifester de façon partiale. Et en 2015, plus les élections s’approchaient, plus de militants se sont fait arrêter avec cette loi, les empêchant d’être présent pour la campagne électorale.
De nouvelle loi favorisant la liberté d’expression, elle s’est transformée en un instrument de répression “nouvelle génération” contre les activistes. Là où avant la violence était utilisée contre les dissidents, les autorités dorénavant les emprisonnent en se reposant sur la loi, donc en restant “acceptables” aux yeux des démocraties occidentales.
Dès son apparition en 2012, une très large part de la société civile avait montré son opposition à l’utilisation de cette loi. Elle fut modifiée en 2015, mais la société civile la trouvait toujours contraignante. Depuis le gouvernement de la Ligue nationale pour la démocratie, le parlement a débattu sur de nouveaux changements à apporter à cette loi.
Manifestation dans le centre de Yangon en 2012, contre la loi dite de l’article 18, utilisée par les autorités pour empêcher la tenue de manifestations
De son côté, Zarni comprend les droits de l’homme, tels qu’ils sont énoncés dans la Déclaration Universelle. Ces droits s’appliquent à tous, quels que soient le genre, la religion, l’origine sociale… Il est particulièrement à l’écoute des plus opprimés, les paysans, les travailleurs mais aussi les personnes de confessions musulmanes qui souffrent de l’accentuation des discriminations ces dernières années.
Alors dans son travail éducatif, Zarni s’appuie sur les aspects positifs qu’apporte la diversité … dans un contexte de mondialisation souvent mal compris.
Depuis 2011 et l’ouverture du pays à la vie parlementaire, de nombreux anciens prisonniers politiques ont repris leurs activités militantes de défenseur des droits humains.
Un thème pourtant, continue à les diviser: la place des musulmans dans le pays et en particulier des Rohingyas. Des personnes emblématiques de la révolution de 88 ne s’empêchent pas d’utiliser une rhétorique antimusulmane, alors qu’ils restent un symbole du combat pour les droits humains contre la dictature militaire. Cette apparence contradictoire est à l’image de la complexité des relations interreligieuses dans la société birmane.
UNE PRATIQUE DE LA "METTA" BOUDDHISTE
Un rapport d'enquête de la FIDH sur une précédente vague de discrimination de l'état birman à l'encontre de la minorité Rohingya
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Un article de La Croix sur le passage de quatre lois sur la protection de la race et de la religion
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Un décryptage par Info-Birmanie sur les actions menées par l'état pour écarter totalement la minorité Rohingya de la citoyenneté birmane
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Ces bouddhistes qui excluent
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Un éclairage sur les tensions religieuses avec le film
Le parcours de Nini
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Le parcours de Mya
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Leurs lieux de culte ont été interdits ou détruits. Et comme dans d’autres régions de minorités ethniques, ils restent victimes de travail forcé, d’arrestation arbitraire et de torture.
Plus précisément en 1982, en ne les reconnaissant pas comme une des ethnies originaires du pays, ils doivent rendre leurs papiers d’identité en échange de papiers temporaires appelés “carte blanche”. Des villages entiers sont déplacés pour faire place à des habitants bouddhistes. Propriétés et terres sont réquisitionnées. L’accès aux services publics de l’éducation et de la santé leur est devenu interdit.
En 2012, une vague de violences interconfessionnelle dans l’Arakan a fait plus de 250 morts, en majorité des Rohingyas. La conséquence a été le déplacement de 150 000 d’entre eux dans des camps de réfugiés avec un accès très limité à la nourriture et aux soins.
En 2015, tous les détenteurs de “cartes blanches” (incluant aussi des Chinois et des Indiens), ont dû à nouveau rendre leurs papiers temporaires d’identités aux autorités. Quelques semaines plus tard, le parlement a passé une loi leur interdisant et de voter et de se présenter aux élections de novembre.
En octobre 2016, à la suite d’une attaque par un groupe de musulmans (quelques uns ont des liens avec un groupe islamiques extrémiste à l'étranger) sur des postes de polices dans l’Arakan, une nouvelle vague de violences a été perpétrée par l’armée et la police sur la communauté Rohingya. Tout en interdisant aux médias et aux ONG de se rendre sur les lieux, l’armée et la police pratiquent de graves atteintes aux droits de l’homme, certains parlent même d’épuration ethnique ou de génocide. Les autorités civiles dont Aung San Suu Kyi, sont fortement critiquées par une partie de la communauté internationale pour ne pas avoir un discours différent de celui de l’armée.
Tout au long de l’Histoire birmane, des discriminations organisées par l’État, ont été soutenues par une frange nationaliste extrême, dont des leaders sont membres de la communauté des moines, qui disent militer pour la défense de la race et de la religion.
À la suite du recensement de 2014, on sait aujourd’hui que tous les musulmans de Birmanie représentent 5% de la population.
Les premiers musulmans à s’être installés en Birmanie étaient des marchands Arabes et Perse, au IXème siècle après JC, avant l’établissement du premier Empire birman de Bagan (autour de l’an 1000). Installés principalement dans les villes portuaires, ils se sont naturellement mélangés avec les populations locales.
D’autres sont arrivés par la terre des pays voisins. Depuis des royaumes ou sultanats de ce que sontl’Inde et le Bangladesh aujourd’hui, ils se sont installés dans l’actuel état Arakan, au Nord du pays. Une partie des Rohingyas proviendraient de ces vagues migratoires. D’autres aussi venaient de la province chinoise de l’actuel Yunnan, ce sont les Pathay, aujourd’hui encore établis dans la région de Mandalay principalement.
Pendant les 150 années d’occupation du pays par les Britanniques, les colons ont amené des Indiens hindous et musulmans en Birmanie, tant les besoins de forces de travail dans l’agriculture ou les administrations étaient nécessaires.
À travers l’histoire Birmane, les musulmans, toujours en minorité, ont subi à plusieurs reprises des discrimination, par la population mais aussi souvent organisées par l'appareil d’état.
Du XVème au XVIIIème siècle, l’empire de l’Arakan au Nord-Ouest de l’actuelle Birmanie, avait une population hybride, bouddhiste et musulmane. Quand l’empire birman occupa l’Arakan à la fin du XVIIIème siècle, l’armée tua une partie de la communauté musulmane et mis en esclavage une autre partie, qu’elle ramena dans le centre du pays.
Dans cette même région pendant la seconde Guerre Mondiale, les Japonais comme les Birmans, à ce moment-là alliés, ont commis des atrocités sur la population musulmane.
Né Win, le dictateur birman de 1962 à 1988, notoirement connu pour sa xénophobie, a lancé une grande campagne militaire, appelée “opération dragon”, pour vérifier l’origine des habitants de l’Arakan. Cette campagne se transforma en une chasse aux musulmans, les poussant à fuir.
Parmi la population musulmane de Birmanie, les Rohingyas sont les plus nombreux. Ils ont connu progressivement jusqu’à aujourd’hui, une restriction de leurs droits. Citoyens de seconde zone, il leur a été interdit de se déplacer librement. Une demande aux autorités était nécessaire pour quitter leurs lieux de résidence comme pour se marier.
Aujourd’hui, avec la liberté d’expression en amélioration, les habitants autour de la mine, accompagnés de nombreux activistes et de moines venus les soutenir, n’hésitent pas à dénoncer le mode d’exploitation de la mine qui cumule les atteintes aux droits de l’homme: confiscations de terres, dommages environnementaux, violences verbale et physique, jusqu’à l’assassinat d’une paysanne par la police lors d’une manifestation en décembre 2014.
Quelques mois avant, début 2014, Zarni est venu à Letpadaung recueillir les témoignages de villageois à la suite d’une autre confrontation avec la police locale et les services d’ordre de la compagnie.
La mine de cuivre de Letpadaung dans le centre du pays a commencé pendant la dictature birmane. Un des plus gros conglomérats détenu par l’armée, l’Union of Myanmar Economic Holding Limited (UMEHL) est devenu propriétaire des terrains afin d’en permettre l’extraction du cuivre. Après un essai avec une entreprise canadienne, UMEHL a signé un droit d’exploitation de 60 années avec une entreprise d’Etat Chinoise, Wan Bao.
Aucune étude des impacts sociaux et environnementaux sur la population locale des 26 villages alentours, respectant les standards internationaux, n’a été menée.
LETPADAUNG, L'INVESTISSEMENT "IRRESPONSABLE" EXEMPLAIRE
Un article sur les investissements étrangers en Birmanie
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Une série d'articles d'Info-Birmanie sur le thème de l'investissement responsable
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Le parcours de Nini
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Le parcours de Mya
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Pendant deux décennies, seuls quelques pays voisins investissent principalement dans de grands projets du secteur de l’énergie et de l’extraction minière, n’ayant aucune difficulté avec la politique répressive des militaires et l’opacité de leur politique. La conséquence pour les populations locales se résume souvent à plus de violations des droits humains.
En 2011, le processus de démocratisation et d’ouverture du pays initié par le président Thein Sein a incité l’occident et le Japon a progressivement arrêté les sanctions économiques en place. Le gouvernement d’alors cherchait à attirer les capitaux étrangers en libéralisant ses règles d’investissement et en accordant des avantages fiscaux aux investisseurs étrangers.
Avec ses ressources naturelles diversifiées et abondantes, de nombreuses entreprises n’ayant jamais eu accès au marché birman vont vouloir y investir. Les entreprises des militaires et de leurs amis contrôlent les secteurs clés de l’économie, obligeant de fait un investisseur étranger à s’accorder de près ou de loin avec eux.
En 2012, Aung San Suu Kyi expliquait que:
“Les investisseurs étrangers devraient attendre un peu, pour leur propre bien et pour celui du pays. (…/…) Cela ne sert à rien d’avoir des lois sur
l’investissement tant qu’il n’existe pas un système judiciaire solide, qui permet d’assurer que les lois soient appliquées. ”
Pourtant, une fois la Ligue pour la démocratie au gouvernement en 2016, les dernières sanctions américaines (à l’exception comme l’Union Européenne des ventes d’armes) ont été levées.t
Pendant la colonie anglaise,
la Birmanie est devenu
le pays le plus développé d’Asie du Sud-Est,
premier exportateur de riz
au monde.
Après l’indépendance, le pays est un des rares à être sorti de l’Empire
britannique sans intégrer le Commonwealth. Pris entre de multiples guérillas, le pays sombre économiquement en une décennie. Le choix du premier dictateur birman, le général Né Win, est d’isoler le pays de la scène
international et de suivre la “voix birmane vers le socialisme”. Le déclin économique se poursuit.
La deuxième dictature militaire en 1988 modifia sa politique économique pour s’ouvrir aux investissements étrangers, mais les pays occidentaux boycottent le pays à cause de la répression des militaires envers la population. Dans un contexte de corruption généralisé, l’économie birmane se caractérise alors par une absence de règles juridiques, d’indépendance de la justice, du recours au blanchiment d’argent, du non-respect de la propriété privée, de l’absence totale de transparence et de monopoles gouvernementaux.
Les militaires, détenant de multiples entreprises, associés à quelques oligarques, contrôlent tous les secteurs de l’économie.
Zarni de Yangon et Thein Aung Myint de Mandalay, animent cette rencontre d’une journée. Alors qu’elle en a peu l’opportunité, la population locale vient écouter des spécialistes du monde agricole, des responsables du FNI et des personnalités politiques.
Ensemble, ils font une mise en perspective de la profession de paysan dans la Birmanie qui s’ouvre aux marchés extérieurs.
Plusieurs membres du Mouvement des forces actuelles pour la démocratie (MDCF) sont invités par le Réseau de coordination avec l’organisation internationale du travail du Nord de la Birmanie (FNI). C’est une des plus fortes organisations du Nord du pays qui regroupe des paysans et des travailleurs.
Elle se consacre aux droits du travail, notamment ceux des paysans mais aussi au trafic humain, aux enfants soldats et au soutien à d’anciens prisonniers politique.
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Un film de 2014 sur les problèmes rencontrés par la population autour de la mine de Letpadaung
Un film de 2014 sur les problèmes rencontrés par la population autour de la mine de Letpadaung
Un article d'Info-Birmanie sur l'exemple de la mine de Letpadaung, où de nombreux activistes sont venus soutenir les villageois
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Un article d'Info-Birmanie sur une association qui défend le droit des paysans du Nord de la Birmanie, le FNI
Un article d'Info-Birmanie sur une association qui défend le droit des paysans du Nord de la Birmanie, le FNI
Le parcours de Nini
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Le parcours de Mya
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Historiquement en Birmanie, ce sont les étudiants qui ont toujours été à l’avant-garde politique et des revendications sociales. Si cela a été le cas tout au long du XXème siècle, contre la colonisation puis contre les dictatures, la fermeture des universités pendant la décennie 90 a rendu difficile un large renouvellement de la population étudiante.
Cependant un groupe de jeunes comme “Génération Wave” est devenu une force politique nouvelle pendant la junte militaire. D’abord musiciens contestataires, ils ont été actifs pendant la révolution “safran” en 2007. Et si la jeunesse en majorité est plus en attente d’un accès à la société de consommation aujourd’hui, ces cinq dernières années autant dans les villes que dans les campagnes, une nouvelle génération commence à comprendre que la responsabilité leur revient de dessiner ce que sera leur futur.
Pendant le gouvernement Thein Sein, c’était d’abord l’ancienne génération d’étudiants de la révolution de 88, appelée “Generation 88 and open society” qui ont poussé les autorités à accélérer le processus de démocratisation, en parallèle de la Ligue Nationale pour la Démocratie, le parti de Aung San Suu Kyi.
En 2015 aussi, une nouvelle génération d’étudiant, active en politique est apparue. Lors de l’écriture d’une loi sur l’éducation qu’ils contestaient, plusieurs centaines d’entre eux ont convergé vers Yangon lors de marches pacifiques venant des quatre coins du pays. Bloqués à une centaine de kilomètres de la ville, leur mouvement fut arrêté par une violente charge de la police. 70 d’entre eux ont été emprisonné une année avant d’être libérés par le nouveau gouvernement de la Ligue nationale pour la démocratie.
Après cinquante années
de dictature, des générations
entières de birman ont été
condamnés à vivre dans la crainte,
où “la peur est une habitude”
comme l’a écrit Aung San Suu Kyi.
En survivant dans des conditions misérables, la majorité des Birmans ont même fini par oublier jusqu’à leurs propres droits en tant qu’être humain et les responsabilités qui incombent normalement à un état.
Alors quand en 2011, Thein Sein forme un gouvernement, essentiellement composé d’anciens de la junte militaire, l’espoir est faible dans la population de voir une amélioration de sa qualité de vie. La première année, les réformes du gouvernement surprennent dans les milieux éduqués et sur la scène internationale. Mais la libération des prisonniers politiques, les réformes économiques orientées vers la macroéconomie et les progrès en matière de liberté d’opinion, a peu de conséquences dans le monde rural, où les pratiques de corruption, de violations des droits par les autorités locales n’ont pas changé. Ici la vie est d’abord centrée sur les besoins de première nécessité et depuis des générations, la population n’a plus d’espoir quant à la pratique politique.